On ne le répétera jamais assez : le renouvellement des générations agricoles est urgent. D’ici 2030, la moitié des paysan·nes auront l’âge de la retraite. Pourtant, les parcours d’installation actuels restent inadaptés à la réalité d’aujourd’hui : une grande partie des candidats et candidates à l’installation – qui pourraient les remplacer – ne viennent pas du milieu agricole contrairement aux générations précédentes.
C’est dans ce contexte que SOL se mobilise pour transformer en profondeur l’accompagnement à l’installation, et permettre aux différents profils et projets agricoles de trouver leur place.
La Loi d’Orientation Agricole est adoptée : et maintenant ?
Le 24 mars 2025, après des mois de débats, la Loi d’Orientation Agricole (LOA) a (enfin) été promulguée. Mais une loi d’orientation, c’est avant tout un cadre général : il faut maintenant préciser comment elle sera appliquée concrètement. C’est le rôle des décrets, ces textes qui détaillent la manière dont le contenu de loi s’applique et les règles à respecter pour cela. Aujourd’hui, SOL continue les discussions auprès du ministère de l’Agriculture, des Chambres d’agriculture et des autres acteurs pour que les décrets respectent bien les principes de la loi et que les dispositifs mis en place répondent vraiment aux besoins de tous les futur·es paysan·nes et cédant·es, quelle que soit leur approche.
Un guichet unique pour faciliter l’installation
Une des mesures centrales de la LOA est France Services Agriculture (FSA), un guichet unique national géré par les chambres d’agriculture,dont l’objectif est d’orienter les porteurs de projet et cédant·es vers la diversité de structures qui assureront un accompagnement au développement de leur projet au long-cours et redirigeront les personnes vers les dispositifs de formation complémentaires pour réussir leur installation.
L’organisation concrète de ce service doit encore être précisée. Aujourd’hui, les projets d’installation en agriculture conventionnelle sont souvent favorisés. FSA doit garantir une égalité de traitement pour tous les types de projets. Des expérimentations auront lieu en 2026 sur différents territoires. Le cadrage de cette expérimentation doit permettre de bien évaluer l’efficacité du service et son adaptation au regard des besoins réels des futur·es paysan·nes et cédant·es.
L’importance de la formation sur le terrain
Pour SOL, le guichet unique et l’accompagnement individuel ne suffisent pas. Si elle ne prévoit pas de faciliter l’accès à des dispositifs complémentaires, la réforme ratera sa cible. Il y a notamment un enjeu autour de la formation pratique et du tutorat, essentielle pour celles et ceux qui ne viennent pas du milieu agricole. En effet, partant de notre expérience de compagnonnage paysan, une étude de SOL montre que ce type de formation est décisif dans les parcours des personnes non-issues du milieu agricole qui portent un projet agricole dans le cadre d’une reconversion professionnelle ou en dehors d’un cadre de reprise de la ferme familiale. C’est pourquoi SOL se mobilise en parallèle pour que des dispositifs comme le compagnonnage paysan (qui fonctionne sur le principe de tutorat et formation sur le terrain) soient reconnus et financés par l’État dans l’objectif de les rendre accessibles au plus grand nombre.
La mobilisation continue
La LOA n’était donc qu’une étape. Au-delà de la manière dont elle sera appliquée, il faudra aussi les moyens financiers pour la mettre en œuvre. Nous sommes aussi mobilisés au quotidien pour rendre le métier de paysan·ne reconnu, respecté et rémunérateur, et cela passe par des politiques publiques ambitieuses, qui renforcent l’attractivité des métiers de l’agriculture. C’est avec une approche complémentaire avec d’autres acteurs de l’installation paysanne que nous atteindrons nos objectifs.
Et comme l’agriculture ne s’arrête pas aux frontières, nous serons mobilisés également tout au long de 2026 et 2027 sur la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC), le principal levier européen pour soutenir l’installation des nouveaux paysans et de nouvelles paysannes en France.

