Former à l’agroécologie en s’appuyant sur les savoirs paysans : les enseignements du projet FFASE

4 . 11 . 2025

Au cœur de l’agroécologie : les savoirs paysans, façonnés par des générations d’expérimentations et de pratiques et indispensables pour ancrer l’agroécologie dans chaque territoire. Ils permettent d’adapter les pratiques agricoles aux réalités locales et de préserver les écosystèmes. Pourtant, en France et en Afrique de l’Ouest, ces connaissances sont souvent peu valorisées, voire oubliées. Depuis plus de 60 ans, les politiques agricoles ont favorisé des modèles intensifs, mettant de côté ces savoir-faire traditionnels.

Comment redonner leur place à ces savoirs dans la formation et la pratique de l’agroécologie ? C’est à cette question que s’est attaché le projet FFASE – Formation de Formateurs en Agroécologie et Savoirs Endogènes, mené en France, au Bénin, au Togo et au Sénégal,  de 2022 à 2025 sous la coordination de l’ENSFEA (École Nationale Supérieure de Formation de l’Enseignement Agricole), 

Des savoirs paysans cartographiés et partagés

Dès la première année, des binômes d’étudiants stagiaires français et ouest africains ont conduit des enquêtes de terrain dans quatre territoires : Mirande (Occitanie), Ndiop (Sénégal), Tové (Togo) et Abomey-Calavi (Bénin).

Leur travail a permis de cartographier des savoirs endogènes agricoles et d’identifier les acteurs-trices qui les détiennent et les transmettent.

Un curriculum de formation co-construit et expérimenté

Sur la base de cette première cartographie, les partenaires ont conçu un curriculum de formation de formateurs en agroécologie, élaboré lors d’un atelier international à Abomey-Calavi (Bénin) en décembre 2022. Ce programme est fondé sur : 

  • L’utilisation des savoirs paysans comme base des apprentissages.
  • Le rôle clé des professionnels dans leur transmission.
  • L’adaptation des pratiques agroécologiques aux spécificités de chaque territoire.

Ce curriculum a par la suite été testé dans quatre territoires pilotes (France, Sénégal, Togo, Bénin) avant d’être étendu au Cameroun début 2025, preuve de sa pertinence et de sa capacité d’adaptation à des contextes agricoles variés.

Des impacts durables et un réseau en expansion

Au total, le projet a directement bénéficié à plus de 50 formateurs et apprenants et à 6 coopératives agricoles, avec plus de 300 bénéficiaires par effet de diffusion.

Un suivi de formation réalisé fin 2024 au Bénin, au Sénégal et au Togo a permis d’évaluer l’appropriation des savoirs transmis et la réplication des formations au sein des communautés rurales. Les résultats montrent une forte dynamique d’auto-organisation : plusieurs groupes paysans ont spontanément prolongé les actions agroécologiques initiées par le projet.

Le projet a également permis de renforcer les liens entre établissements d’enseignement et de recherche agricole. Des séjours de chercheurs ouest-africains en Occitanie ont favorisé le partage d’expériences et la consolidation d’un réseau scientifique et pédagogique international.

Une dynamique collective confirmée lors de la journée d’études

La journée d’études du 14 février 2025, organisée à l’ENSFEA, a constitué un moment fort de valorisation et de dialogue.

Réunissant plus de 80 participants en présentiel et à distance, elle a permis de croiser les regards entre chercheurs, formateurs et acteurs du développement agricole et d’identifier de nouvelles pistes de coopération et de prolongement du projet FFASE.

Elle a aussi été l’occasion de partager la plateforme numérique www.ffase.org qui héberge aujourd’hui des exemples de savoirs endogènes, des capsules vidéo de formation ainsi que des outils méthodologiques accessibles librement pour les acteurs du développement et de la formation agricole.

Une valorisation scientifique et pédagogique reconnue

Les résultats du projet nourrissent aujourd’hui la recherche et la formation : plusieurs communications scientifiques ont été présentées, une thèse doctorale est en cours, et un article paraîtra prochainement dans la revue Économie Rurale.

Fort de ces résultats prometteurs, les partenaires du projet souhaitent poursuivre leur collaboration pour soutenir la valorisation des savoirs paysans dans les formations à l’agroécologie. 

Former à l’agroécologie, c’est d’abord reconnaître et transmettre les savoirs qui viennent du terrain, des paysans et des communautés.

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