Reconnexion à la terre : l’agroécologie au cœur des écoles indiennes

Le Bihar, 2ème État rural de l’Inde, est fortement dépendant de l’agriculture avec 80 % de sa population active travaillant dans ce secteur. Cependant, il fait face à des défis majeurs notamment la fragmentation des terres, la vulnérabilité face au changement climatique ou encore les migrations masculines saisonnières, nécessitant des modèles agricoles plus résilients et inclusifs.

Apprendre par la terre

C’est dans ce cadre que les fermes écoles prennent tout leur sens. En aménageant des potagers directement au sein des établissements scolaires, les élèves découvrent les bases de l’agroécologie, tout en reliant ce qu’ils apprennent à ce qui les entoure. On y fait pousser des légumes tels que des épinards, des tomates, des patates douces ou des gombos, utilisés ensuite pour les repas scolaires. Une manière de garantir une alimentation saine et locale.

Mais ce n’est pas tout : ces jardins sont de véritables outils pédagogiques, ils servent aussi à enseigner des matières comme les mathématiques avec la géométrie des parcelles, les sciences naturelles via les cycles du sol, de floraison et de récolte, ou encore l’écologie à travers la gestion des ressources et la préservation de la biodiversité. En reconnectant les jeunes générations à la terre, ce modèle de fermes écoles sensibilise aux enjeux du changement climatique et à la nécessité d’une gestion durable des ressources naturelles.

Une dynamique locale à consolider

Depuis 2019, le Ministère de l’Éducation indien encourage l’installation de jardins scolaires. Mais le soutien reste souvent limité, et l’ancrage local demeure essentiel pour pérenniser ces initiatives. C’est dans ce contexte que des collectifs d’enseignant·es, d’agriculteur·rices et d’organisations locales développent des approches adaptées aux territoires et aux élèves.

À Patna, capitale du Bihar, plusieurs écoles publiques se sont engagées dans cette dynamique, avec l’appui d’associations comme SOL et Regenerative Bihar. Les élèves, accompagnés de leurs enseignant·es, ont non seulement cultivé leurs premiers légumes, mais ont participé à des actions écologiques collectives comme la fabrication de bombes de semences pour revitaliser la rivière Barnar, ou encore la célébration de la biodiversité en plantant des essences d’arbres locales dans leurs villages.


« À l’ère du mode de vie « rapide et urbain », les gens pensent à la crise climatique mondiale. C’est dans ce contexte que Regenerative Bihar a imaginé un plan visant à intégrer l’agroécologie dans les programmes scolaires. L’idée derrière cette initiative est de développer une pédagogie pour les enfants de 9 à 14 ans basée sur l’expérience pratique des jardins potagers régénératifs dans les écoles. Les enfants et les enseignants feront partie intégrante de l’élaboration du programme. » – Rakesh Kumar Singh, Responsable des activités en lien avec les écoles

 

 

Sakhikura Middle School – Jamui