Déjà un an de projet auprès des paysan.nes du Bihar en Inde au service de l’agroécologie

Février 2024

En décembre 2022, nous commencions un nouveau projet en partenariat avec un collectif de jeunes organisations locales dans 6 districts du Bihar, Etat de l’Est de l’Inde et berceau des premiers projets de SOL en 1980. Aujourd’hui, le projet « Résilience par l’Agroécologie au Bihar » fête sa première année, qui s’est caractérisée par la mobilisation collective en faveur de la transition agroécologique dans cet Etat majoritairement rural. Revenons ensemble sur les grands moments de cette année.

 

 

Un projet innovant : mise en place d’un dispositif test de formation et d’accompagnement des paysan.nes

Chacune des 5 organisations du projet ayant acquis une expertise sur certains aspects de l’agroécologie, les 5 centres de démonstrations de ces organisations accueillent à tour de rôle les 6 paysan.nes boursier.ères du dispositif test mis en œuvre dans le cadre du projet. Cette année, un stage de trois jours a été organisé à Lakhisarai, avec un focus particulier sur les techniques d’agroforesterie. En plus des 6 paysan.nes boursier.ères, une quinzaine de personnes ont participé à cette formation, incluant des paysan.nes et des membres de la communauté. Les participant.es ont pu découvrir les aspects théoriques tels que l’organisation de la ferme, la délimitation des espaces par des plantes, comment choisir des variétés locales, etc. Des ateliers pratiques de taille des bananiers, de fabrication d’engrais naturels, leur application, etc ont complété ces formations théoriques. Une parcelle d’agroforesterie a également été développée sur chacun des centres de démonstration, avec l’aide de Neeraj, expert en agroforesterie dont vous pourrez retrouver le portrait ici.

 

Recréer le lien entre l’ensemble des acteur.rices de la transition des systèmes agricoles et alimentaires

Au cours de cette première année, le collectif Regenerative Bihar a organisé et participé à de nombreux évènements locaux, régionaux et même nationaux. Au-delà des rencontres avec les représentants officiels à l’échelle régionale et des autorités à l’échelle locale, les paysannes du projet ont pu vendre leurs produits à l’occasion des marchés de productrices organisés tous les mois à Patna. Ces occasions permettent de recréer le lien avec les consommateur.rices citadin.es.

En mars 2023, le collectif a pu présenter les activités du projet au grand public à l’occasion de la Journée de la fondation du Bihar, où plus de 5 000 personnes ont participé et 125 variétés de semences locales ont pu être présentées aux visiteurs.

En juillet et août 2023, une nouvelle initiative portée par le collectif a vu le jour : l’organisation de Cafés climat. Le but de ces évènements est de rassembler des membres de la société civile pour échanger sur les enjeux climatiques et l’intensification des phénomènes extrêmes autour de débats ou encore de projection de films et reportages.

Enfin, un festival des semences et aliments agroécologiques a été organisé par le collectif à Patna en novembre, où les organisations du collectif ont pu présenter les activités du projet selon différentes thématiques, mais aussi l’ensemble des partenaires du collectif (associations de protection de la biodiversité, paysans spécialistes des variétés de mil, etc.). Ainsi, cet évènement a permis de découvrir les enjeux de la transition agroécologique de façon ludique et holistique, avec l’organisation d’ateliers pour les jeunes et de débats et conférences. Au total, ce sont 2 000 personnes qui se sont rendues au festival sur les 2 jours.

 

Témoignage d’Anju Kumari, paysanne et membre de l’équipe du collectif : « Les marchés de productrices nous offrent une plate-forme où nous recevons beaucoup d’encouragements de la part des gens. Nos produits sont appréciés et les paysannes peuvent obtenir de meilleurs prix. C’est une bonne plateforme pour les paysannes qui peuvent obtenir une rémunération à la hauteur de leurs efforts. »

 

L’engagement des jeunes pour la construction d’un avenir résilient

Le projet prévoit la création d’un programme scolaire alternatif centré sur l’agroécologie permettant de couvrir l’ensemble des matières scolaires via cette thématique. Au premier semestre 2023, ce sont 12 écoles rassemblant un total de 1 150 élèves qui ont été sélectionnées pour participer au projet. Les sessions sont organisées autour des jardins potagers, construits sur la forme de mandalas, afin d’aborder les questions de l’alimentation, la santé, le sol, l’eau, l’agriculture et la biodiversité.

 

De plus, la prise en compte des changements climatiques, leurs causes et leurs impacts constituent un fil conducteur des activités au sein des écoles. Les élèves ont également élaboré des calendriers pour différentes cultures, comprenant les périodes pour semer, de récolte, de floraison, et de récolte des fruits. Dans 10 écoles, des jardins potagers ont été créés ou améliorés, et les enfants ont organisé des collectes de fumier et autres ingrédients nécessaires pour les potagers des écoles dans leurs villages respectifs.

 

En parallèle, dans le district de Jamui, les élèves bénéficiaires du projet ont été intégrés à une initiative de création de bombes de graines lors des vacances scolaires. Ils ont participé à la collecte des graines de plantes forestières, notamment médicinales, et ont préparé plus de 60 000 bombes avec des membres de la communauté des 5 villages environnants. Ces bombes de graines ont ensuite été déposées par les élèves dans les forêts de la zone, et sont actuellement en train de pousser. Cette initiative collective a permis de mobiliser toutes les générations d’une même communauté autour d’une activité commune pour la préservation de la biodiversité locale.

Après cette première année prometteuse sous le signe de la mobilisation globale pour la transition agroécologique, la deuxième année du projet permettra de poursuivre ces initiatives porteuses de sens, aussi bien pour les bénéficiaires que pour le grand public. L’accent sera notamment mis sur la facilitation de l’accès au marché pour les femmes, avec la mise à disposition d’unités de transformation du mil.

 

 

 

Pour en savoir plus sur le projet :

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