Tablons sur nos paysan.nes : retour sur la campagne pour la réforme de la PAC

LA POLITIQUE AGRICOLE ET ALIMENTAIRE COMMUNE  A-T-ELLE REJOINT NOTRE TABLE ?

Novembre 2020

Le 23 février 2019, la campagne Tablons sur nos Paysan.nes était lancée ! Un grand moment pour SOL à l’initiative de cette campagne, portée par les membres de la Plateforme pour une Autre PAC. A la fois sur la toile et investissant le Salon de l’Agriculture, l’objectif affiché était de rendre plus abordable aux citoyen.nes la PAC mais aussi de souligner l’importance du rôle des paysan.nes à la veille d’une grande réforme de cette politique européenne.

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Resserrer les liens entre les paysan.nes et les citoyen.nes : retour sur le succès de la campagne

L’agriculture est au centre des crises sociales, environnementales, économiques et sanitaires qui touchent notre monde. Nous devons réconcilier les citoyen.nes et les paysan.nes et défendre un système agricole sain et prêt à faire face aux changements climatiques prôné par les politiques publiques.

C’est dans ce contexte que la campagne « Tablons sur nos paysan.nes » est née en février 2019. Pour atteindre au plus près notre but, nous devions mener diverses actions afin de redonner la parole  aux acteur.rices essentiel.les d’une agriculture responsable : les paysannes et les paysans.

3 objectifs ont guidé nos actions :

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Tout d’abord, nous voulions présenter la diversité du monde agricole et sa dimension sociale et locale. Le cœur du propos a été réalisé grâce à 10 portraits de paysan.nes réalisés avec l’appui de notre association et  montrant les diverses facettes du métier et de leurs impacts  directs sur nos territoires, notre alimentation, notre biodiversité et nos paysages. C’est ainsi que nous avons pu rencontrer Anne Deplaude, une paysanne viticultrice qui s’investit aussi bien dans la restauration des écosystème et des cépages que dans le dynamisme de sa ruralité en luttant contre de grands projets jugés inutiles.

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Ensuite, nous avions pour ambition de créer la rencontre entre le grand public, les paysan.nes et les décideurs politiques et échanger à propos des alternatives essentielles à l’agriculture et à l’alimentation. Pour se faire, nous avons investi un lieu hautement stratégique  : le Salon International de l’Agriculture en y installant un stand Tout au long de l’événement : des ateliers, des débats, des interviews, des témoignages ou encore des conférences pour les publics experts à amateurs étaient organisés.

Afin il est essentiel de rendre cette politique agricole plus abordable pour tou.t.es.En effet, la PAC semble très complexe ce qui n’en fait pas un sujet attrayant est pourtant elle détermine notre agriculture et l’avenir de notre alimentation. Nous avons alors fait appel à Nicolas Meyrieux qui a réalisé une vidéo humoristique sur les enjeux de la Politique Agricole Commune et à la chaine Partager C’est Sympa crééé par Vincent Verzat.
Dans le même temps, afin de redonner une dimension réelle aux besoins de nos agricultures et de nos paysan.nes, un Atlas de la PAC a été réalisé où nombre de graphiques et images permettent de pointer les aspects positifs et négatifs de la PAC

 

 

A l’issue de Tablons sur nos paysan.nes, d’autres mobilisations ont été mises en places (comme la campagne Impactons, 1er débats publics sur l’agriculture en France organisés par et pour des citoyen.nes afin de faire entendre leurs voix ou la campagne d’interpellation des eurodéputés par mail pour les inciter à suivre l’avis populaire lors du vote européen) pour porter nos espoirs de voir la prochaine PAC partager notre table.

Octobre 2021 – Vote de la PAC au Parlement européen.

Depuis de nombreuses années,  nous reprochons à la PAC (réformée en 2013) de causer nombre de fléaux : paupérisation des paysan.nes, dégradation de l’environnement, manque de transparence sur la production des produits de consommation, faible encouragement des alternatives agroécologiques respectueuses du vivant ou encore  mise en place d’une barrière au développement de la souveraineté alimentaire des pays  européens et des pays des suds. Il était alors clair que cette PAC était obsolète et devait être modifiée en tout point.

Alors la PAC de 2020 va t’elle répondre à ces enjeux ?

Après trois jours de vote du 19 au 22 octobre, les eurodéputé.es ont approuvé une des versions des trois textes pour la réforme de la PAC.
Premièrement, nous pouvons nous réjouir d’une amélioration notable sur l’Organisation Commune des Marchés, nous pouvons aussi saluer certains amendements et la reconnaissance de la nécessité de développer l’agriculture biologique. Mais, ces quelques points apparaissent comme mineurs au milieu de centaines de pages du texte adopté et d’autres propositions rejetées et viennent même parfois en incohérence avec d’autres éléments du texte. La PAC votée est donc loin d’être sur le chemin de la souveraineté alimentaire, de l’agroécologie paysanne et de la résilience.

Alors que cette nouvelle Politique Agricole Commune dirigera nos agricultures jusqu’en 2027, nous déplorons une PAC qui n’est pas durable, rend nos agricultures peu utiles dans la lutte au dérèglement climatique et au déclin de la biodiversité. Alors que l’agriculture est une des solutions efficaces afin de faire face aux défis de notre décennie, la majeure partie des fermes européennes sont alors incapables de devenir résilientes.

De plus, nous pointons du doigt une PAC qui sert une agriculture massive et industriel. Ce schéma amène à la négligence de l’enjeu fondamental de la souveraineté alimentaire de l’Union Européenne mais aussi à celui de ne plus nuire aux agricultures des pays du Sud, notamment de l’Afrique de l’Ouest. Des régions dont la souveraineté alimentaire est asservie au profit de nos importations et exportations non respectueuses de l’environnement et à l’opposé d’un développement favorable pour tou.tes.

Suite du processus de négociation de la réforme : la bataille s’annonce encore longue

Le Parlement, le Conseil et la Commission européenne doivent maintenant se lancer dans l’ultime étape des négociations au niveau européen : les trilogues. Ce n’est qu’à l’issue de ceux-ci, probablement entre mars et juin 2021, que la version finale des règlements européens encadrant la réforme de la PAC sera connue en France.

En attendant, le vote de la PAC a suscité une grande mobilisation citoyenne et a permis de faire la lumière sur la responsabilité de la PAC dans les dysfonctionnements de notre système agricole et alimentaire. Alors que la France est le principal pays agricole de l’Union Européenne, nous nous apprêtons ainsi à suivre 6 mois de préparation des plans stratégiques nationaux, durant lesquels le gouvernement doit écouter les voix qui se sont élevées en faveur de la transition agroécologique, à l’instar des demandes émises par la Convention Citoyenne pour le Climat.

POUR ALLER PLUS LOIN

Retrouvez le communiqué de presse de la Plateforme Pour une autre PAC ICI

Retrouver les publications de SOL sur le nécessaire besoin de mise en cohérence de la PAC avec les paysan.nes du Sud ICI

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