Apéro thématique: Environnement et ressources naturelles

Le public s’est réuni avec engouement le 16 novembre dernier pour échanger sur les manières de protéger l’environnement et les ressources naturelles avec Rajagopal PV, le « nouveau Gandhi » et Jon Palais co-fondateur d’Alternatiba et d’ANV COP-21. Le débat a pu mettre en avant différent types de solutions en appuyant fortement les méthodes non violente et la mise en place d’alternatives collectives.

L’exemple indien avec le succès de la marche pour l’accès aux ressources

“Il y a suffisamment de ressources sur cette planète pour répondre aux besoins de tous mais pas assez s’il s’agit de satisfaire le désir de possession de chacun”.
C’est avec cette célèbre citation du Mahatma Gandhi que Rajagopal débute cet apéro thématique. Il est né dans le Sud de l’Inde (Kerala) et est artisan de la paix, fondateur et ancien président d’Ekta Parishad, un mouvement populaire qui agit selon le principe gandhien d’action non-violente. Son but est d’aider le peuple indien à mieux contrôler les ressources qui lui permettent de subsister : la terre, l’eau et la forêt. C’est en outre grâce à cette organisation qu’ont eu lieu les deux “Jan Satyagraha” ou “Marches pour la justice” de 2008 et 2012, effectuées par des milliers de paysans indiens largement défavorisés et exclus du système (intouchables, adivasis…). Dans une atmosphère prônant la non-violence, une partie du peuple indien a donc entrepris les 340 km qui séparaient Gwalior à New Delhi pour réclamer au gouvernement un droit d’accès à la terre et aux outils leur permettant d’assurer leur subsistance. L’action n’aura pas été vaine. Elle a débouché sur un accord avec le ministère du développement rural portant sur la réforme agraire. Six millions de personnes ont pu avoir un accès à des terres.

La résistance populaire comme clé

Rajagopal souligne ainsi le rôle fondamental du peuple dans la protection des ressources. Selon lui, deux axes sont importants dans ce type d’action populaire : Dans un premier temps, la résistance et la mobilisation. Ensuite, assurer son maintien et sa promotion sur le long terme. Il parle, par exemple, de la mise en place d’une politique de communauté telle que celle promue au travers des comités de réflexion et centres éducatifs, créés précédemment à la marche pour la justice. Il introduit aussi la notion de don. Selon lui, pour favoriser la pérennité d’un tel projet, chaque acteur doit continuer à s’engager dans le temps. Ce don n’est pas nécessairement financier, bien au contraire, il peut être un don de temps, de travail, d’idées, de ressources, ou de manière plus générale, un don de vie qui permettra au groupe de se renforcer.

La non-violence comme base

Jon Palais, notre deuxième intervenant, insiste lui aussi sur l’importance d’un mouvement populaire de masse. Il est cofondateur d’Alternatiba et d’Action Non Violente(ANV) -COP 21. Ces organisations sont à l’origine de nombreuses actions citoyennes en faveur du climat et de la protection des ressources ! Par exemple, 4 mois après la Cop21 se tenait un sommet pétrolier à Pau dont l’objectif était de réfléchir à la manière de perfectionner les techniques de captation d’énergie fossile en milieu profond marin. Alors Jon et quelques 1000 membres d’ANV-Cop21 ont décidé d’aller mener une campagne d’opposition et de perturber cette réunion. Mais pas de n’importe quelle manière. Comme lors des actions évoquées par Rajagopal, pour Jon, le mode d’action le plus approprié pour ce genre d’action est la non-violence. Il parle de l’importance de garder un respect pour les personnes qui pensent différemment de nous car ceux-ci possèdent avant tout une capacité à réfléchir ! Ainsi, à Pau, même si la police a pu réagir avec violence en premier abord (gaz lacrymogène, heurts) la réponse non violente des militants à tout de même conduit à des échanges, une écoute de la part des policiers et même des participants au sommet. Quant aux militants ANV-cop21, Jon précise que grand nombre d’entre eux n’étaient pas des habitués de ce genre d’action et que tout le monde peut y trouver sa place (« pas uniquement ceux qui acceptent de prendre des coups ! »). Ce qu’il faut, c’est trouver des actes de résistance faciles où tout le monde peut participer. Le nombre aussi a son importance et nous avons la possibilité de tous nous unir sous le même drapeau car dit il, qu’ils soient pour la paix, la démocratie, la justice ou toutes autres causes, l’ensemble des militants combattent au final pour une même et unique cause : celle du climat, qui est à la base de tout.
Par la suite, Jon a introduit la notion de “désobéissance civile”, qui est une autre forme de résistance. En effet, nous vivons dans un système régi par un ensemble de lois mais celles-ci peuvent parfois nous sembler inadaptées ou inefficaces et nous avons la possibilité de ne pas y obéir pour demander à ce qu’elles deviennent plus justes. “Les faucheurs de chaises” en sont un exemple. Si les banques pillent les finances publiques en toute impunité judiciaire alors nous pillons leurs chaises. Il est important de souligner que la somme énorme que représente actuellement l’évasion fiscale pourrait être utilisée à des fins beaucoup plus justes comme la transition sociale et écologique.

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Agir ensemble pour une cause commune

Mais ces mouvements de résistance sont insuffisants s’ils sont effectués seuls. “ Il faut marcher sur deux jambes” nous dit Jon: celle de la résistance et celle des alternatives. Nous savons aujourd’hui que nous ne pourrons pas décemment continuer à faire fonctionner nos sociétés avec la quantité d’énergie consommée actuellement. Bien que cela soit difficile à organiser, il est nécessaire de repenser notre manière d’utiliser les ressources, de les produire et les consommer. Fort heureusement de nombreuses solutions ont déjà été pensées. L’essentiel est aujourd’hui de faire connaître ce panel de solutions au grand public comme lors du village des alternatives mis en place par Alternatiba. Les citoyens peuvent venir découvrir des modes de vie et d’organisations sociétales, certes différents, mais désirables et fonctionnels, qui replacent l’Homme au cœur de son environnement et de la société. On peut citer comme exemple le modèle de la non-violence que l’on pourrait intégrer par exemple au sein de notre système éducatif qui prône à l’heure actuelle compétitivité et performance. Dans la même logique, pourquoi ne pas élargir le concept à l’Etat lui-même, dans sa globalité. Un état moderne ne devrait il pas être un état non-violent, avec une communication non-violente entre les différents acteurs ? Nous avons aujourd’hui encore bien trop d’exemple d’états ou d’institutions qui investissent des sommes folles dans la violence pour accroître leur pouvoir, se basant sur la simple idée que la non-violence est l’apanage des “ faibles”. Face à cela, nous devons répondre par une recrudescence de solidarité et d’éducation à la non-violence pour progressivement passer d’un monde de consumérisme et d’individualisme à un monde de partage, d’équité et de respect.

Un ensemble d’alternatives comme solutions

En guise de conclusion les intervenants soulignent que depuis le plus jeune âge, nous avons pu être habitués à un mode de vie industriel qui nous a éloigné du sens propre de la vie, d’une capacité à identifier ce qui nous est réellement nécessaire. Nous observons depuis des années l’État, les finances et les lobbys diriger pour nous, nous donner une fausse impression de choix mais nous sommes aujourd’hui en capacité de changer cette inertie et de reprendre le contrôle de nos ressources et de nos sociétés par des moyens d’actions tels que la résistance non-violente et la désobéissance civile, la mise en place d’alternatives. Certaines sont en place mais bien sur beaucoup devront encore germer ! Il nous faut nous rassembler, créer un mouvement populaire de masse pour faire valoir nos voix et mettre un terme à la violence que nous portons tous les jours à notre planète. De nombreuses alternatives ont déjà fait leur preuve. Et même si le changement est difficile et il y a encore peu semblait impossible, nous devons tous travailler ensemble, solidairement, pour réussir à mettre en place une société qui nous convient et qui surtout, respecte l’Homme et l’environnement nécessaire à notre survie.

Article rédigé par l’équipe bénévole Alternatives Citoyennes- éducation et sensibilisation.

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