Interview de Céline, stagiaire agroécologie / permaculture

Décembre 2016

Céline est bénéficiaire de la formation dans le cadre du projet « Biofermes Internationales ». Avant de suivre sa formation en agroécologie et permaculture auprès de Joseph, formateur et propriétaire de la Renaudière petite ferme formatrice du réseau Biofermes, Céline faisait de l’asset management, la gestion d’actifs pour les différentes sociétés. Comment passe-t-on d’un univers des assurances et des banques au travail manuel au sein d’une petite ferme en agroécologie ? Réponse dans notre interview avec une femme impliquée dans les alternatives agricoles.

SOL : Céline, peux-tu nous dire qu’est-ce qui a motivé ce revirement de situation ?

Parallèlement à mon activité professionnelle, je me suis formée à l’aromathérapie pendant 5 ans. Et comme l’aromathérapie se base sur l’aspect de prévention, cela m’a amené à reconsidérer mon alimentation, à réfléchir sur l’aspect nutritif de ce que je mange. Je me suis aussi mise à manger moins de viande, même si je ne suis pas végétarienne aujourd’hui. Et puis en voyageant de par le monde en marchant, je me suis retrouvée dans des environnements complètements différents des grandes villes dans lesquelles j’ai pu habiter. Après avoir passé plusieurs mois dans des environnements sans électricité, dans des logements plutôt naturels en pierre ou en terre-paille, j’ai compris qu’il y a un bien-être qu’on ne peut pas facilement trouver dans un appartement d’une grande ville. Je pense que c’est ces activités extraprofessionnelles et mes intérêts personnels qui m’ont amenée jusqu’à là.

SOL : Comment l’agriculture s’est retrouvée dans tout ça ?

Mes grands-parents étaient des ouvriers agricoles en Bretagne et j’ai toujours baigné dans ce milieu, dans les fermes, même si je n’y habitais pas. Plus tard, le sujet de la qualité de la nourriture a joué pour beaucoup dans ma réorientation. Aujourd’hui, la plupart des gens disent que le bio est trop cher. Alors que la qualité nutritionnelle des aliments industriels et celle des aliments bio ou cultivés en permaculture ne sont pas du tout les mêmes !
Ce qui m’a également beaucoup influencée au début de mon parcours c’étaient : le livre « La révolution d’un seul brin de paille » de Masanobu Fukoka et l’interview avec Charles Herve-Gruyer de la ferme du Bec-Hellouin qui portait sur la permaculture. En fait, c’était beaucoup de lecture avant d’arriver à la pratique !

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SOL : Quels sont tes tâches aujourd’hui au sien de la petite ferme ?

J’aide dans les missions au quotidien comme la préparation des planches de cultures, la préparation de la terre avec l’apport du compost, le semis, les plantations, le suivi des plants, etc. En fait, les formés sont en charge de la pépinière. On s’occupe ainsi de l’arrosage qui peut s’avérer nécessaire jusqu’à trois fois par jour. On gère aussi les traitements. En ce moment on lutte contre le mildiou en coupant les branches et les feuilles malades et en pulvérisant des purins végétaux. Enfin, il y a les récoltes et le marché du samedi matin, des moments très sympathiques, car il est très agréable de pouvoir discuter et échanger avec les clients.

SOL : En plus de ce contact avec les clients, qu’est ce qui te plaît au sien d’une petite ferme?

Tout ! Cela fait maintenant deux ans depuis que je baigne dans la permaculture qui va bien au-delà de l’agriculture. La permaculture, c’est une philosophie de vie, une approche plus globale. Ici, on prélève sur les plants uniquement ce dont on a besoin pour la récolte. Le reste est taillé et réintégré dans le sol, rendu à la terre. Du coup, la préparation du sol est un plaisir, car on sait qu’avec une belle terre, on aura de beaux légumes. Et puis le sujet des semences est tout aussi important, même si les résultats peuvent être très aléatoires. Les taux de gémination peuvent être plus au moins bons, il faut beaucoup anticiper.

SOL : Peux-tu résumer les avantages de la permaculture et de l’agroécologie?

Il y en a beaucoup ! Grâce à ces réalisations, la beauté du lieu aide beaucoup à tenir dans les moments difficiles, il faut retourner travailler sept jours sur sept. La permaculture et l’agroécologie c’est aussi beaucoup moins d’intrants. Nos seuls intrants se composent aujourd’hui de compost et de fumier mature. Nos pulvérisations sont toutes d’origine végétale – purin de prêle, purin d’ortie. L’association des cultures et la rotation constituent d’autres avantages. Cela permet de repousser certaines maladies, d’aider à la pollinisation et de régénérer le sol de manière assez incroyable par rapport à une culture bio plus industrielle. Les résultats sont encore plus spectaculaires quand on les comparent à une culture conventionnelle qui, entre autre, ne bénéficie pas des apports des rotations et  des associations de culture . En résumé, les techniques de permaculture et d’agroécologie, c’est la bienveillance envers la nature mais aussi envers l’homme !

SOL : Quel serait ton conseil pour les personnes qui aimeraient se réorienter vers ce type d’agriculture ?

Je leur dirais qu’il est très difficile de le faire seul. Il faut avoir une motivation qui soit celle du cœur et certainement pas une motivation financière ! Pour moi, c’est un projet de vie, une envie d’être autonome en alimentation et peut-être en énergie aussi, car la permaculture et l’agroécologie c’est aussi moins d’énergies fossiles. Être autonome et avoir une qualité de vie, c’est ça l’objectif. Car même si on travaille beaucoup, cela apporte beaucoup de bien-être.

Consulter l’interview de Joseph, formateur pour le projet Biofermes en France 

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