Interview de Luc sur le conservatoire des semences à Sainte Marthe

Mars 2017

Luc a 24 ans, il a rejoint l’équipe de la ferme de Sainte Marthe en février 2017 pour participer à la production et la conservation de semences du conservatoire, activité appuyée par SOL dans le cadre du projet Biofermes Internationales. Suite à une formation d’ingénieur agronome à l’ESA d’Angers et différents stages dans le milieu de l’agroécologie dont le dernier à la ferme du Bec Hellouin dans laquelle il a réalisé une étude sur le lien entre les abeilles sauvages et la permaculture, il arrive à Sainte Marthe la tête pleine de projets et va participer à la réorganisation, à des expérimentations (choix des variétés, pollinisation, design permaculturel,…) et à la production de semences du conservatoire vivant de la ferme de Sainte Marthe pour les biofermes et les jardiniers professionnels.

SOL : Quel est parcours t’a amené dans ce nouveau projet ?

Je me suis intéressé à l’agriculture depuis longtemps, puisque je voulais être dès la maternelle soit agriculteur comme mon grand-père ou biologiste d’analyse médicale comme mon père. J’ai toujours côtoyé la campagne puisque mes parents habitent près d’Angers, avec 10 ha de terre et lors de mes vacances, perdu au milieu du Jura. Les grands enjeux agricoles me sont parvenus progressivement, dès mes années de collège-lycée, grâce à des documentaires (ex : Nos enfants nous accuseront), à mes frères et grâce aux balades à vélo à travers la campagne, où je prenais conscience de la façon dont était gérée la terre et les paysages, plus généralement. C’est donc venu assez naturellement pour moi et je trouve ce lien avec la Terre important, l’agriculture biologique relevait pour nous du bon sens et j’ai eu besoin de creuser mes connaissances dans ce domaine car en école d’ingénieur, l’apprentissage de la bio reste très superficiel.

J’ai entendu parler de la ferme de Sainte Marthe depuis quelques années, mais je l’ai redécouvert, entre autre avec son activité de conservation des semences anciennes lors de mon stage de fin d’étude à la ferme du Bec Hellouin. Après mon école d’ingénieur j’avais envie de remettre les mains dans la terre ce qui me paraissait plus épanouissant que de conseiller des agriculteurs à 24 ans !

SOL : Pourquoi Sainte Marthe t’a attiré pour cette nouvelle expérience ?

J’avais tout d’abord envie de découvrir le conservatoire de semences à la ferme de Sainte Marthe qui s’inspire notamment de la permaculture ou encore des cultures associées par exemple. J’ai été attiré par l’ouverture d’esprit du lieu du fait du large public qui forme et vient se former ici. C’est une émulation très intéressante. J’avais envie de découvrir un autre modèle et continuer à me former. Je suis intéressé par la partie reproduction de semences mais également par le volet animation et formation.

varite anciennes

SOL : Peux-tu nous décrire en quoi va consister ta mission à Sainte Marthe et quelles activités tu aimerais y développer ?

Je viens d’arriver fraîchement le mois dernier donc tout est encore à construire. L’objectif de mon activité à la ferme est de participer à la réorganisation de la production de semences, c’est une année test. Je vais suivre le travail de Véronique, qui assure à la ferme la formation à la reproduction et à la conservation des semences et apprendre tout d’abord sur le terrain comment gérer et suivre les cultures, réaliser les tests de germination, etc. Cela rentre dans l’activité parallèle du conservatoire pédagogique qui va bientôt ouvrir.
En parallèle, je souhaiterais réaliser des études de suivi de ces semences, pour comprendre comment on peut améliorer leur qualité et leur taux de germination en soignant intensément le sol et la biodiversité sauvages, ce qui fait le lien avec mon étude précédente sur les abeilles sauvages qui sont des insectes primordiaux pour les semences. J’ai différentes idées aussi que j’aimerais approfondir tel que par exemple proposer une alternative au milieu artificiel de la serre en végétalisant ou en introduisant une mare là où il y a des zones plus humides, ce que la permaculture appelle les zones 5 (zones sauvages proches des milieux intensément cultivés). Cela permet d’avoir un refuge de biodiversité qui apporte des services essentiels au reste des cultures.

Quant à la partie sélection et reproduction des graines, je souhaiterais à terme essayer de répondre à la demande grandissante des biofermes qui veulent des variétés anciennes locales et diversifiées, tant en matière de quantité qu’en matière de qualité, mais également à celle des jardiniers. Cela passe par la poursuite du travail de Sainte Marthe de recherche de variétés oubliées mais qui existent encore sur nos territoires pour les sauvegarder et les valoriser à nouveau.

SOL : As-tu des attentes particulières concernant ton expérience ici ?

Je souhaite acquérir une expérience de terrain, savoir suivre une culture, fertiliser, mieux utiliser le sol, etc. J’ai aussi le désir de passer de la théorie à la pratique, de savoir produire des graines et de m’enrichir de tout ce qui se passe autour de la ferme avec les formateurs, les formés, comme leur savoir-faire et savoir être. Je souhaite accumuler des compétences sur le long terme plus qu’une accumulation d’argent (rires), développer mes compétences pour ensuite pouvoir développer mon activité. Le conseil et l’accompagnement de porteurs de projet en biofermes permaculturelles me motive aussi particulièrement.

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Découvrir l’interview de Joseph formateur permaculture-exploitant sur le projet…

Consulter le témoignage de Véronique formatrice et gardienne de semence sur le projet…

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