Les paysannes des projets indiens nous en disent plus

Novembre 2021

Jusqu’en 2019, le projet Graines de l’Espoir battait son plein dans l’Etat indien de l’Uttarakhand. Projet emblématique mené avec succès par SOL et son partenaire local, Navdanya, Graines de l’Espoir avait pour but d’améliorer la résilience aux changements climatiques, la souveraineté alimentaire et l’indépendance économique des petites communautés paysannes, et plus particulièrement des femmes tout en préservant la biodiversité. Aujourd’hui, le projet est autonome mais nos actions se poursuivent dans la région ainsi que dans le Bengale Occidental et au Rajasthan avec le projet Graines de Résiliences. Des actions essentielles et qui de mieux que les paysannes bénéficiant du projet pour en parler ? Découvrez leurs témoignages inspirant.

 

Témoignage des paysannes du village de Lower Charbha

Pourquoi avez-vous choisit de rejoindre le projet Graines de l’Espoir mis en place par Navdanya et SOL ?

« Il est important pour nous de faire pousser notre propre nourriture à la maison. C’est meilleur pour notre santé de cultiver nos légumes sans produits chimiques. C’est également moins cher et nos produits ont plus de goût. C’est pour ces raisons que nous avons demandé à Navdanya de travailler avec nous. Maintenant, nous cultivons 10 à 12 variétés de légumes et de plantes différentes chaque saison. »

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Qu’est-ce que le projet vous a apporté la première année ?

« Nous avons participé à des formations sur l’agriculture sans pesticides, sur la fabrication de pickles (légumes marinés et épicés) et sur l’importance pour notre santé de la nourriture sans produits chimiques. Maintenant, nous sauvegardons nos semences et n’en achetons quasiment aucune au marché. »

Les formations ont-elles correspondu à vos besoins ?

« Oui, il a été tout à fait facile de reproduire les techniques apprises et nous avons particulièrement apprécié les formations sur la fabrication des pickles. Maintenant, nous les cuisinons nous-mêmes et nous les échangeons entre nous. »

GDE 3Comment l’agriculture a-t-elle évolué ces dernières années dans votre village ?

« Avant, les champs demandaient beaucoup de travail : il y avait peu d’infrastructures, pas de machines, aucun système d’irrigation. Maintenant c’est un peu plus facile grâce notamment aux puits construits par le gouvernement qui nous donnent au moins accès à l’eau. Cependant, la plus grande difficulté pour nous reste la variabilité des pluies d’année en année et les maladies qui se développent lorsque nous manquons d’eau »

Faites-vous partie d’un groupe d’entraide ? Qu’est-ce que ce groupe vous permet de faire ?

« Oui, nous avons un groupe dans le village, nous sommes 13 membres et nous nous réunissons tous les mois pour mettre en commun 100 roupies chacune. Nous sommes intéressées par ce groupe pour 3 raisons : premièrement, cela nous permet d’avoir un moment de partage, ce sentiment communautaire nous permet de nous entraider lorsque c’est nécessaire, deuxièmement, l’argent que nous récoltons nous permettra de faire des prêts entre nous, et enfin, ce groupe pourra être l’occasion de travailler ensembles et à terme, si nous le pouvons, de commencer une activité génératrice de revenus toutes ensembles ».

Témoignage de Mangleshwari, paysanne du village de Ratampur

GDE 4Grâce au projet, Mangleshwari a pu obtenir une autonomie économique totale pour sa production alimentaire et céréalière et cultive aujourd’hui 100 % de sa production selon les principes de l’agroécologie enseignés par l’association locale partenaire du projet, Navdanya. Suite au projet, elle a commencé à vendre le surplus de sa production ainsi que celui d’autres paysans du village, membres du projet sur le bord de la route qui mène à Dehradun, capitale de l’état de L’Uttarakhand. Grâce à cette activité de vente, elle développe ses revenus et met à disposition de la population locale une alimentation biologique de qualité. Nous l’avons interviewé pour qu’elle puisse nous présenter plus en détail sa nouvelle activité.

 

Comment organisez-vous votre activité de vente ?

« J’achète les légumes et les fruits aux paysans et paysannes du village et aux membres du projet [Graines de l’Espoir] en priorité et je complète en achetant également auprès du marché central. Pour la production agroécologique du village, j’achète les produits 1 à 2 roupies plus chers que le prix du marché et les vends également avec une petite marge supérieure pour valoriser leur production ».

GDE 6Comment avez-vous démarré cette activité ?

« J’ai emprunté une petite somme au groupe d’entraide que j’ai rejoint grâce au projet et j’ai pu commencer à louer cet espace de vente. Maintenant, je viens ici vendre mes fruits et légumes tous les jours. Au début, c’était un peu compliqué, les clients ne me connaissaient pas tous. Maintenant, je suis satisfaite, je peux couvrir mes dépenses grâce aux revenus générés et j’ai un peu de bénéfices. Les autres membres de ma famille s’occupent de mon champ lorsque je m’occupe de mon étal. Ma position centrale, sur le bord de la route qui mène à Dehradun m’assure une bonne visibilité et j’ai maintenant de nombreux clients réguliers.»

Quels sont vos objectifs pour la suite ?

« Mon objectif est d’augmenter mes revenus et de permettre ainsi d’aider les paysans de mon village à vendre leur production mais également de fournir aux familles qui viennent m’acheter des légumes un accès à une alimentation de qualité.
Lorsque je vends les produits j’explique toujours aux clients l’importance de la nourriture issue de l’agroécologie et ils sont très intéressés. De même, suite à mon expérience de nombreuses paysannes du village et des villages alentours souhaiteraient démarrer à leur tour un petit étal de vente comme le mien ».

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Depuis près de 10 ans, SOL et Navdanya agissent pour favoriser l’autonomisation des paysannes indiennes et pour le développement d’une transition agricole permettant la résilience des communautés face aux changements climatiques de plus en plus prégnants dans le nord de l’Inde. Les réussites du projet Graines de l’Espoir confirment l’importance d’agir dans ce sens. Avec notre partenaire local, nous poursuivons nos actions avec le projet Graines de Résilience et en rendant accessible les résultats de nos actions à travers notre publication conjointe sortis en octobre 2021 : Les femmes, actrices de la transition agroécologique.

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Pour aller plus loin :

• Découvrez le projet Graines de Résiliences ici
• Lisez la publication Les femmes, actrices de la transition agroécologique ici
• Soutenez nos actions, faites un don ici