Un nouveau projet français pour SOL !

Dans les Alpes-Maritimes et plus particulièrement au cœur de la région niçoise, la biodiversité cultivée a la vie dure. Les variétés potagères anciennes disparaissent peu à peu, sous les effets du tourisme et de la grande distribution, de l’érosion génétique, de la disparition des paysans et de leurs savoir-faire, mais aussi des conditions climatiques en constante évolution. Reconquérir et préserver/sauvegarder cette biodiversité, c’est le travail de La Maison de Semences Paysannes Maralpines !

Juin 2019

Biodiversité et terroir culinaire

A travers ce nouveau projet, SOL et ses partenaires s’attèlent dans un premier temps à partir à la recherche de semences de variétés oubliées, parfois détenues par une poignée de paysans et paysannes seulement. Par exemple, les plats traditionnels de la région, tels que la Salade Niçoise, la Ratatouille ou les Petits farcis sont aujourd’hui préparés à base de légumes issus de semences croisées, hybrides et non authentiques. Ainsi, le goût et la capacité nutritive de ces plats évoluent de façon négative.

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Une fois collectées, conservées et documentées, ces semences seront multipliées par l’équipe de maraichers bénévoles de la Maison de Semences et redistribuées aux paysan·nes de la région. Les paysans et paysannes qui reçoivent ces semences retrouvent ainsi des variétés adaptées à leur sol, moins gourmandes en eau et en divers intrants (pesticides, engrais…), plus goûteuses et nutritives. Ces semences permettent aussi une certaine autonomie, car à la différence des semences hybrides, elles peuvent être semées d’une année sur l’autre tout en restant productives.

La Maison de Semences Paysannes Maralpines ainsi que les chercheur·euses, paysan·nes, chef·fes-cuisinier.ières et consommateur·rices intégré·es au projet constituent enfin un collectif chargé de sélectionner et préserver les variétés les plus résiliantes au changement climatique et qui donne accès à une alimentation saine et nutritive.

Transition agroécologique et sensibilisation

Afin de réintroduire durablement les semences paysannes dans la région, 2 actions sont menées. D’abord, un travail de recherche est conduit afin de comprendre pourquoi les paysans et paysannes ont délaissé le patrimoine semencier local. En effet, le fait de comprendre les différents obstacles techniques, économiques, organisationnels, logistiques, cognitifs, sociaux et environnementaux à leur utilisation représente autant de moyens de les dissoudre durablement. Un second travail de recherche est mené afin de sélectionner, de suivre et d’évaluer les variétés selon leurs qualités en termes de précocité, d’originalité, de stabilité, de rendement, de goût, de résistance à la sécheresse et aux maladies, de nutrition.

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Une fois ce travail de recherche mené, SOL et ses partenaires peuvent envisager la façon dont il faut accompagner les petites fermes de la région sur le long terme, en formant les maraichers aux savoirs et savoir-faire liés aux semences paysannes. Ainsi, « professionnaliser » la filière des semences vers une transition agroécologique, pour une production alimentaire plus nutritive, respectueuse de la nature et des paysans et paysannes.

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Par ailleurs, tout ce travail ne pourrait être efficace sans valoriser les semences paysannes et l’importance de la biodiversité cultivée et sauvage ! Des actions de sensibilisation à destination des paysan·nes, des acteur·rices de la distribution, des élu·es et du grand public sont menées. Des bourses d’échanges de semences, des événements de dégustation, des projections de documentaires sur la biodiversité sont organisés et une bibliothèque papier et digitale est créée, accessible à toutes et tous, afin de retracer l’histoire des semences, les savoirs et savoir-faire qui s’y rapportent et les problématiques qui en découlent. (et envisager leurs perspectives d’avenir !)

Pourquoi un tel projet dans cette région ?

La région des Alpes-Maritimes alimente annuellement 1 million de personnes et 11 millions de visiteurs. Étant donnée la quantité de touristes, la grande distribution et l’importation de produits alimentaires ont rapidement supplanté l’agriculture locale et l’utilisation des semences paysannes, oubliées ou cultivées de façon très marginale, ici et là.

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En parallèle, l’agriculture des Alpes-Maritimes est soumise à rude épreuve car il s’agit d’un des endroits les plus ensoleillés et les plus secs de France. C’est aussi l’un des endroits où le réchauffement climatique se fait et se fera le plus ressentir : + 2,1°C d’ici 2030, + 3,1°C en 2050 et 5,2°C en 2080. Autrement dit, seules les variétés de semences anciennes, tenaces et adaptées au terroir, sélectionnées hyper-localement et méticuleusement sont capables de résister face à ces changements, sans demander davantage d’eau, d’engrais ou de pesticides. Il est urgent d’agir dans ce secteur afin de préserver la sécurité alimentaire des habitants de cette région, touchés de plein fouet par les aléas climatiques.

Heureusement, l’agriculture souvent pratiquée en terrasses, de petite échelle et peu mécanisée, se trouve être tout à fait propice à la pratique de l’agroécologie ! Par ailleurs, une forte demande en produits issus de l’agriculture biologique vient soutenir la démarche de la Maison de Semences Paysannes Maralpines.

Ce projet représente de nombreux défis pour l’agriculture et le climat, et c’est avec joie que nous nous lançons dans cette aventure ! Nous ne manquerons pas de vous donner rapidement des nouvelles du projet !

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Lisez le témoignage d’Isabelle Poirette, Présidente de Mille Variétés Anciennes, en charge du Conservatoire pédagogique de semences de la Ferme de Sainte Marthe Sologne