Universités d’été du CRID 2014 : succès de l’atelier sur les alternatives à la biopiraterie avec Vandana Shiva !

Grand rendez-vous des acteurs de la Solidarité Internationale, les universités d’été du CRID se sont tenues du 2 au 5 juillet 2014, SOL proposait un atelier sur les alternatives à la biopiraterie aux côtés de Vandana Shiva et de la Fondation France Libertés, le jeudi 3 juillet. Merci à tous les participants pour ces échanges fructueux !

Atelier SOL et France Libertés : La biopiraterie et les alternatives

L’objectif de l’atelier organisé par SOL et France Libertés consistait à proposer une réflexion commune, sur ce qu’il est possible de faire individuellement et collectivement pour la liberté des semences.

Pour cela nous avons pu compter sur la présence de Vandana Shiva, activiste pour la liberté des semences et fondatrice de l’association Navdanya, avec laquelle SOL a créé le projet les « Graines de l’Espoir ». Dr Shiva est intervenue pour expliquer les enjeux liés à la biopiraterie, revenir sur l’histoire du brevetage du vivant et sur les stratégies d’action possibles.

L’originalité de cet atelier consistait à proposer ensuite une réflexion « créative et illustrée » en petits groupes de manière à faciliter les échanges entre les participants. Des groupes se sont constitués autour de trois thèmes : les alternatives possibles à la biopiraterie, le projet de loi sur la biodiversité en France, et la campagne de Navdanya : Seed Freedom. Vandana Shiva a pu commenter et conclure l’atelier avant que la trentaine de personnes puisse continuer à échanger autour d’une collation offerte par Alter Eco.

Écoutez l’intervention de Vandana Shiva sur l’atelier

Vandana Shiva et la lutte pour la liberté des semences

Vandana Shiva nous a délecté comme à l’accoutumée avec une intervention passionnante. Celle-ci a débuté son plaidoyer avec le constat suivant : Le partage de connaissance, de biodiversité, de semences, de plantes médicinales n’a jamais rendu les gens pauvres, cet échange n’est pas de la piraterie, comme le prétendent les industriels, la piraterie a débuté avec les nouveaux droits de propriété industriels qui ont été créés. Celle-ci nous raconte comment les compagnies qui se sont fait appeler dans les années 70 « The Intellectual Property Committee » ont commencées à planifier la manière dont elles allaient poser des brevets sur le vivant. En changeant les lois notamment au sein de l’OMC, et en faisant passer le TRIPS (Agreement on Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights), les entreprises ont éliminé ainsi toutes les restrictions sur le brevetage du vivant et cherchent à s’approprier la biodiversité tout comme elles l’on fait pour l’industrie fossile. C’est ainsi que Vandana surnomme ironiquement la biodiversité : « The Green Oil of the Future ». Selon elle, des firmes comme Monsanto ou Syngenta, cherche à s’approprier toutes les semences de la planète.

C’est pour ces raisons qu’elle décida de se consacrer à la lutte pour « sauver les semences » pour qu’elles puissent demeurer entre les mains des communautés.
Elle commença à créer des banques de semences, et décida d’encourager les paysans à utiliser ses semences, à promouvoir l’agriculture biologique, plus nutritive et qualitative.

Après les semences, Monsanto essaie aujourd’hui de s’approprier et donc de privatiser l’eau.  « La biopiraterie, n’est pas un phénomène sporadique, cela fait partie d’une pensée qui cherche à contrôler le vivant et faire en sorte que tout le monde deviennent dépendant. Ceux qui ne peuvent pas acheter, ne peuvent pas survivre. »

Celle-ci conclu son intervention sur le projet de loi français sur la biodiversité pour l’accès et le partage des bénéfices qui sera discuté à la rentrée.

«Si une compagnie possède une licence sur une semence, quel bénéfice le paysan peut –il en tirer ? Si « l’accès » est défini de manière étroite, c’est l’accès à la privatisation des biens communs, à l’exclusion, du partage, cela créer en réalité de la pauvreté». Nous dit-elle.

Elle conclut son intervention sur une note d’optimisme en nous invitant à l’action « Je suggère de construire une campagne large, pour que l’accès soit délivré seulement à des relations sans brevets, la biodiversité n’est pas inventée donc de quelle brevet parle-t-on ? » « Il y a différentes façon de résister. En Inde nous avions des rassemblements de la taille d’un village au début, ensuite cela s’est propagé. »

« Nous avons commencé à créer des « Community  Biodiversity  Register ». Les gens avait des connaissances mais ils ne savaient pas écrire. Les enfants eux savaient écrire, on a donc fait le lien entre les anciens et les jeunes. Voilà le vrai catalogue que nous avons commencé à construire, celui des connaissances. »

D’autres volontaires ont aussi répertorié tous les brevets existants en lien avec la biopiraterie et sur quoi exactement ils portaient, c’est une aide majeure pour lutter avec des but définis.

Puis, elle poursuit avec enthousiasme «  Il faut créer une campagne, sur la thématique de la biodiversité mais la recontextualiser à partir des droits de la Terre mère, la connaissance des peuples indigènes et la souveraineté des communautés locales et non pas celle des États. »

Vandana conclu son intervention en rappelant l’importance de l’interconnexion des luttes.
« Nous avons besoin de mouvements de solidarité pour réclamer les semences comme un bien commun. Nous avons besoin de connexion entre les différents mouvements sur la biopiraterie, la biodiversité, et le changement climatique. »

Des ateliers dynamiques et des alternatives porteuses d’espoir

Parmi les alternatives et les actions proposées, les participants ont d’une part mis l’accent sur l’importance de l’éducation et la transmission des savoirs des paysans au grand public, ainsi que sur la communication avec les populations locales et les peuples concernés pour leur donner les moyens, et les connaissances pour se défendre.

D’autres actions ont également été mises en avant avec notamment l’idée d’une organisation et une généralisation du troc.

D’autre part, les participants ont insisté sur l’importance de la collecte de l’information et le rassemblement des connaissances en mettant en avant le travail des anthropologues, sur les savoirs traditionnels qui devraient figurer dans les rapports du CNRS.

Enfin, les participants ont mis en avant la thématique de l’open-data, qui permet d’enregistrer et transmettre les connaissances à condition, ont-ils précisé, de faire attention au contenu de ce que l’on diffuse et à la manière dont on diffuse l’information. Celle-ci doit être diffusée de manière intuitive et pédagogique sinon elle risque de n’avoir aucune utilité.

Pour finir, les participants ont proposés d’inscrire les plantes et les semences au patrimoine de l’humanité.

Vandana a conclu l’atelier en soulignant l’importance de la désobéissance civile.

« Nous avons le devoir de protéger la biodiversité, et sauver les semences, nous n’obéirons à aucune loi qui considère cela comme un crime. Un brevet ne peut être que dans les mains d’une communauté ou d’un paysan, nous parlons de partager les semences, et tout brevet même dans les mains d’un paysan exclu les autres paysans. »

 « Vous allez mettre en place un mouvement très solide pour la santé, la soutenabilité, la démocratie. »

Pour en savoir plus et vous engager sur la campagne Seed Freedom, cliquez ici !

Pour en savoir plus et soutenir le projet Les Graines de l’Espoir, mené avec Navdanya, cliquez ici !

Écoutez la première partie de l’intervention de Vandana Shiva, sur les alternatives à la biopiraterie

Écoutez la deuxième partie de l’intervention de Vandana Shiva

Consultez la bibliographie de l’atelier.

Pour consulter et vous engager sur le projet de loi sur la biodiversité, cliquez ici

Pour visionner la séance d’ouverture des Universités d’Eté de la Solidarité Internationale du CRID avec les interventions de Vandana Shiva, cliquez ici

Découvrez les propositions d’alternatives des participants de l’atelier