Il est encore temps de s’engager contre les APE!

SOL et une dizaine de représentants d’ONG européennes se sont rendus à Bruxelles le 11 octobre afin d’exprimer aux députés européens les raisons de refuser l’Accord de Partenariat Economique (APE) régional d’Afrique de l’Ouest, mais aussi l’APE intérimaire du Ghana, qui pourraient totalement déséquilibrer l’économie africaine. Le moment était bien choisi car la Commission « Commerce International » (INTA) du parlement européen devait se réunir le 13 Octobre pour débattre de la ratification de l’APE intérimaire du Ghana.

Jacques Berthelot, expert en politiques agricoles de SOL, aux côtés d’autres ONG, ont fait le déplacement pour remettre la pétition résumant les raisons de refuser l’APE d’Afrique de l’Ouest et comptant déjà plus de 23 000 signatures.

Signer la pétition contre les APE

La commission « Commerce International  » du parlement européen (INTA) se réunissait le 12 et le 13 Octobre afin de faire le point sur l’intégration d’un accord de partenariat économique spécifique signé par le Ghana (APE Intérimaire) qui peut déséquilibrer totalement l’économie d’Afrique de l’Ouest.

Qu’est que l’Accord de Partenariat économique?

L’Afrique de l’Ouest pouvait jusqu’alors exporter ses produits vers le marché européen sans payer de droits de douane.
L’Union européenne (UE) exige désormais la réciprocité : pour continuer à bénéficier du traitement préférentiel européen, l’Afrique de l’Ouest devrait supprimer ses droits de douane sur environ 80% des importations d’origine européenne. (voir plus de détails)
A titre d’exemple pour le Nigéria, le colosse régional, seuls 6 % des produits ouest-africains sont plus compétitifs que ceux de l’Union européenne. (South Center)
La ratification par l’union européenne des APE mettrait en concurrence directe et déloyale les produits européens subventionnés et les produits africains mis à disposition en circuits courts par de petites structures sur le sol africain.
Le premier impact serait la perte de droits de douanes pour les pays d’Afrique de l’Ouest qui atteindrait un cumul de 87 milliards d’euros en 2050.

Depuis 2000, avec l’Accord de Cotonou (Cf. J Berthelot 2001, L’agriculture, talon d’Achille de la mondialisation), SOL s’est engagé contre les APE et en 2016 l’association et ses partenaires continuent leur combat pour pousser les députés à voter contre la ratification de ces accords aux conséquences dangereuses.

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Au vu des difficultés de faire passer un accord global l’UE vise plusieurs accords régionaux.

Trois pays, le Nigeria, la Gambie et la Mauritanie, refusent encore de signer l’APE régional « Afrique de l’Ouest » en raison des conséquences négatives que cet accord aurait sur leur économie. Afin de contourner ce refus – l’APE régional doit être signé par tous les pays pour entrer en vigueur – la Commission européenne a incité la Côte d’Ivoire et le Ghana à ratifier leurs APE intérimaires avant le 1er octobre 2016, faute de quoi elle taxerait leurs exportations. C’est ce que le Ghana a fait le 3 août et la Côte d’Ivoire le 3 septembre. Mais le Parlement européen doit encore ratifier l’APE intérimaire du Ghana afin qu’il entre en vigueur, sachant qu’il avait déjà ratifié celui de la Côte d’Ivoire depuis décembre 2009.
Les conséquences de l’APE régional ou des deux APE intérimaires seraient catastrophiques pour ces pays. Parmi les néfastes conséquences la perte de droits de douane sur les produits libéralisés  qui atteindrait les 700 millions d’euros 5 ans après leur mise en place (tous les produits les produits agricoles importés de l’UE ne sont pas libéralisés).

Il est encore temps d’agir!

Le vote de la commission « Commerce International » du parlement européen (INTA) pour accepter la mise en place de l’APE intérimaire du Ghana se fera le 9 ou le 10 Novembre.
Cet APE est une ouverture à la généralisation de ce partenariat à toute l’Afrique de l’Ouest, qui pourrait être voté très prochainement. En cas de ratification, cela aurait des effets dramatiques sur la production locale africaine, la production agricole, sur la montée du chômage, la montée des extrémismes locaux type Boko Haram, et sur la souveraineté alimentaire africaine. Il est encore temps de rejoindre le mouvement de contestation.

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