Projection-Débat – Agroécologie : défis et réussites collectives

Février 2018

A l’occasion de la soirée-débat [Agroécologie] défis et réussites collectives ? qui a eu lieu le 8 février dernier à la Mairie du 2e, l’association SOL et Une Seule Planète ont reçu Bertha Gielge, chargée de projet pour l’ONG des Villageois de Ndem, Audrey Boullot, responsable des programmes chez SOL, et Mabrouk Jabri, membre de l’Association de Sauvegarde de l’Oasis de Chenini.
La soirée a commencé par la projection du film documentaire « L’agroécologie dans l’oasis de Chenini : préserver ensemble » réalisé par Echo’Via et soutenu par Une Seule Planète.
Le 8 février dernier a eu lieu la projection du

L’Oasis de Chenini

DSC02705 BDDans l’Oasis de Chenini, l’unique oasis maritime dans le monde, l’installation d’une zone industrielle et l’apparition d’eaux taris ont été un problème majeur. Lors d’un séminaire en présence de Mabrouk Jabri et de Pierre Rabhi, il a été souligné que le problème majeur dans cette oasis était le manque d’eau, et qu’il fallait agir sur la sécurité alimentaire dans le monde. Aussi, nombre de bâtiments ont gagné du terrain sur les terres agricoles, et une forte perte de la main d’œuvre a été diagnostiquée. En réponse à cela, des ingénieurs agricoles ont alors été formés sur la gestion du manque d’eau et le compostage, permettant de conserver l’humidité des terres. Il est aussi primordial d’enseigner aux enfants les méthodes agricoles actives. C’est dans ce contexte que l’association de Sauvegarde de l’Oasis de Chenini a vu le jour. Sur le terrain, ce sont 60 hectares de terres qui sont cultivés sur 3 étages avec des palmiers dattiers, des abricotiers etc pour que chaque famille bénéficie d’une parcelle d’une dizaine d’ares. Un jardin a été mis en place dans une école pour sensibiliser les populations locales, surtout les jeunes enfants, à la richesse de l’oasis et aux pratiques agroécologiques.
Grâce à cette initiative, beaucoup de personnes ont désormais des stations de compostage. Elle a été porteuse d’espoir pour d’autres territoires en Tunisie. En revanche, l’État, qui se cherche démocratiquement, laisse la société se prendre en main.

Concernant les agriculteurs présents sur l’oasis, il est nécessaire de les convaincre. Il suffit alors de leur raconter une histoire sur le compostage, les traditions, sur la manière dont on faisait autrefois. Manger donne l’espoir, donne la vie. Il faut donc se fonder sur ça pour que les gens adhèrent aux actions de l’association. Il est nécessaire de travailler ensemble. L’agroécologie c’est tout un système, ce n’est pas que semer mais aussi le savoir vivre, comment gérer le peu que l’on a à disposition. Au final, les gens sont d’accords pour travailler les parcelles, sans intrants chimiques, ils se laissent tous convaincre, un à un, progressivement.

L’association des villageois de Ndem

DSC02712 BDNous nous éloignons maintenant de l’oasis de Chenini pour aller au Sénégal où se trouve l’association des villageois de Ndem. Cette association villageoise a été fondée dans les années 1980, par une dame originaire de ce village, qui s’y est installée après avoir fait un détour par Dakar. L’association répond à un exode rural massif. L’action première y est de reconstruire les infrastructures de base, tout en se basant sur les savoirs faire traditionnels : l’artisanat et l’agroécologie. Il y a des projets de jardins maraîchers, l’investissement d’une nouvelle zone à 60 kilomètres de la zone d’intervention d’origine (où se trouve un projet agroécologique en partenariat avec SOL : Biofermes Internatioanles). Il y a beaucoup de similarités avec Chenini. En effet, c’est un projet qui vise à réunir différents acteurs, les populations villageoises, des personnes d’associations dans le domaine de l’agroécologie, ainsi que des jeunes étudiants, porteurs de projets. Cela, afin de mettre en place une ferme de formation où des experts forment des jeunes apprentis en faisant le lien avec des paysans, pour créer des échanges de bonnes pratiques. Il y a aussi un projet d’une plus grande ferme de production où les jeunes s’installeront, ce qui permettra de continuer cet échange avec les paysans. En termes d’impact, Bertha Gielge, souligne que les bénéfices sont tout d’abord liés à l’aspect d’un l’agriculture paysanne qui est une agriculture de subsistance. Il y a un lien très fort avec un retour à la santé, à travers une alimentation plus saine. Cultiver son alimentation permet de retrouver ce lien avec la santé, mais cela constitue aussi une contrainte puisqu’il nécessite de changer ses habitudes, demandant une étape de sensibilisation. Aussi, l’agriculture paysanne est une agriculture familiale. L’activité devient le quotidien d’une grande partie des personnes de la communauté permettant de retrouver une fierté et une identification au sein de l’activité. Cela valorise alors tous les membres de la famille, impliquent les enfants, et créent de nouveaux liens avec leurs parents.
L’agroécologie se fonde sur des ressources locales et cherche à créer des cycles de matières. Les activités d’agroécologie entrent en lien avec d’autres activités menées par la communauté, comme par exemple les activités d’artisanat. Les déchets de coques d’arachide et d’argile brulées sont par exemple récupérés pour être intégrés au compost, et les chutes de tissue sont récupérées pour faire des couvercles de bocaux. Tout cela se fait par simple échange, sans activité commerciale. C’est un échange qui permet de créer du lien. Il y a une richesse non monétaire, des relations d’interdépendance qui doivent se gérer. Cela encourage à développer la confiance et la solidarité.

Les ressources, que ce soit l’eau, le sol, les semences sont utilisées de manière respectueuse et vues comme des biens communs plutôt que comme des propriétés privées. A travers ces dynamiques, on voit qu’il y a un équilibre, travailler en équipe demande un organisation pour travailler de manière coordonnée. Si chacun travaille à sa manière, les gens se désengagent, d’où la création d’un collectif. Travailler en collectif créera un effet tampon sur le résultat d’une campagne. En effet, le bénéfice d’une ferme créé un gain qui sera partagée, et mènera à d’autres activités transverses

L’agroécologie et SOL

DSC02746 BDAudrey Boullot, responsable des programmes de l’association SOL, souligne la valorisation de l’agroécologie à travers le projet Biofermes Internationales qui insiste sur les différentes problématiques que connaissent les paysans. L’association SOL travaille avec Navdanya dans le nord de l’Inde, afin de permettre aux paysans d’être autonome dans leur pratique et pour l’achat de leurs intrants, afin d’atteindre une sécurité alimentaire. Dans le cadre des projets mis en œuvre, l’agroécologie a permis d’augmenter les revenus des paysans. De plus, la façon dont la démarche a été transmise a été adoptée de manière collective au sein des communautés paysannes. Ce ne sont pas des pratiques nouvelles, mais plutôt un regard sur le passé, sur des pratiques qui permettaient de vivre, qui ont été mises à mal par une agriculture qui vise à se spécifier. Il y a aussi une dimension sociale de l’agriculture qui est mise en exergue. En effet, en France le monde agricole est en crise, avec plus de 200 fermes contraintes à clore leur activité par semaine. Une transition vers des modes de production et de consommation plus durables est aujourd’hui primordiale. Ce qu’il se passe ici est important pour ce qui se passe là-bas, et inversement. On assiste en France à un mouvement de retour à la terre30 % des installations proviennent de personnes non-issues du milieu agricole, mais du milieu urbain, qui retournent vers les campagnes pour innover. La Ferme Sainte Marthe Sologne et les petites fermes formatrices du réseau, avec lesquelles travaille SOL, permettent de former des personnes issues du milieu urbain en reconversion professionnelle, en développant leur jardin potager ou encore en créant leur ferme écologique. Cependant, malgré les bonnes volontés, le parcours à l’installation est semé d’embuches. En effet, l’accès à des statuts et à la protection sociale, est complexe. Il est donc important de se former avec des personnes issues du milieu rural.
L’agroécologie est donc une transition interdisciplinaire, qui répond à des objectifs de nature sociale, de qualité de vie, et de sécurité alimentaire. Les pratiques agroécologiques sont multiples et c’est ce qui fait la richesse de ce type d’agriculture.
Article réalisé par Jemma Lemarchand, bénévole de l’association SOL
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Soirée organisée par : 
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