Victoire de la mobilisation paysanne contre l’accaparement de POSCO

C’est désormais officiel ! Échec d’une des plus grandes opérations d’investissement direct étranger (IDE) que l’Inde n’ai jamais connu! L’entreprise sidérurgique sud-coréenne POSCO a été poussée à se retirer de l’État d’Odisha, à l’est de l’Inde. C’est une belle victoire et un soulagement pour les populations paysannes locales qui se mobilisent depuis 2005 contre cette installation qui menaçait leurs terres.  

12 ans de résistance locale et internationale contre le projet.

En avril 2015, des bruits courraient déjà sur le départ de la société POSCO de l’Odisha. Il a fallu attendre le début de l’année 2017 pour que ces rumeurs soient confirmées. La société POSCO a ainsi écrit au ministère de l’industrie d’Odisha pour céder les terres que l’État lui avait alloué en 2005 afin d’installer une exploitation minière et un port commercial évalués à 12 milliards de dollars. Depuis 2 ans déjà la construction était à l’arrêt grâce à un amendement sur la « Loi de Développement et de Régénération des Mines et des Minéraux » proposé par le gouvernement fédéral mais les paysans n’ont pas encore pu accéder à leurs terres.

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Pour le le PPSS, le collectif local « anti-POSCO » mobilisé depuis le début, ce départ « n’est pas simplement une victoire pour [leur] peuple [les Adivasis] mais plus largement c’est une victoire pour tous les paysans, les pêcheurs et les habitants des forêts qui se sont battus démocratiquement pour protéger leurs terres, leur mode de vie et leur environnement. C’est une victoire contre la fausse propagande, l’intimidation, les fausses accusations, et les menaces d’expulsion forcée ».

Plus de 2 000 familles fragilisées par ce projet

Ce projet a mis en danger la vie et l’économie des populations tribales. Au total, plus de 2 000 familles ont été privées de leurs moyens de subsistance et plus de 3 000 plantations de bétel ont été inexploitées. De plus, ce projet a créé une véritable division au sein des communautés locales entre les « pro-POSCO » et les « anti-POSCO ». Malgré des conséquences dramatiques du projet dénoncées par les communautés locales et les preuves accablantes d’illégalité et d’infraction de la constitution, le gouvernement d’Odisha a continué de soutenir le projet de l’industriel et l’avancement d’une des plus grandes opérations d’investissement direct étranger (IDE) que l’Inde n’est jamais connu. Les autorités locales ont même tenté de réprimer violemment les résistances sans succès.

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La résistance face à la violence des autorités

Dès le début, 4 000 familles se sont réunis contre le projet et ont mis en place le PPSS (mouvement « anti-POSCO »). L’objectif : dénoncer les actions « clandestines » du gouvernement de l’État d’Odisha favorisant l’implantation de l’entreprise. Dès le départ, le mouvement a entamé des manifestations pacifistes et démocratiques mais face à la répression violente des autorités (arrestations violentes, champs et maisons incendiés, brutalités policières contre des manifestants pacifistes …) qui visait à effrayer la population la lutte n’était pas évidente. Les villageois ont tenu bon, mettant en place des barricades en bambou pour empêcher les forces de l’ordre de rentrer dans leurs villages.

Bhubaneswar, Orissa. Date: 01/04/2008. Police in Balitutha posco project area is chasing anti Posco activists on Tuesday. Photo: By special arrangement. posco1

La lutte s’est intensifiée à partir de mars 2013 lorsque 3 activistes du mouvement PPSS ont trouvé la mort, lors de l’explosion d’une bombe dans le village de Patana. Les habitants soupçonnent la société POSCO d’avoir essayé, par ce procédé, de mettre un terme à la résistance paysanne, mais aucune preuve n’a pu être avancée en ce sens.

Suite aux rumeurs qui couraient sur un éventuel retrait de la société minière de la région, en avril 2015, le porte-parole du mouvement PPSS, Prashant Paikray, a réaffirmé l’engagement des paysans dans la lutte anti-POSCO. L’objectif étant le départ définitif de l’entreprise minière de la région, le retour des terres accaparées à leurs propriétaires légitimes et l’annulation des accusations proférées contre des opposants au projet.

Le gain d’influence du mouvement des Adivasis

Au début, la lutte contre le projet de la société sud-coréenne était peu médiatisée. Les activistes locaux avaient des difficultés à lutter contre ce géant industriel soutenu par le gouvernement local. La présence de bénévoles de SOL, dans cette région, a permis de faire parvenir l’information jusqu’en France. En 2012, SOL, et Peuples Solidaires Action Aid ont participé à la création d’un mouvement de soutien en France avec d’autres ONG, suivi par la formation d’un collectif européen de soutien. L’association a aussi organisé une conférence de presse pour faire intervenir un des leader du PPSS à Paris et alerter les médias européens. Ces actions ont eu un impact en Inde : redonnant aux activistes un appui symbolique et politique pour porter leur voix au niveau national et faire pression sur le gouvernement fédéral.

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Aujourd’hui, ce projet démesuré et impopulaire ne verra pas le jour! Nous devons cependant rester mobilisés, jusqu’à ce que les accusations soient retirées et que toutes les familles dépossédées retrouvent leurs terres, ces terres qui leur appartiennent .

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Signez la pétition pour que les terres de l’Etat de d’Odisha soient rendues aux familles paysannes

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